Bientôt tous itinérants ?

Ils sont restaurateurs, épiciers, cafetiers ou projectionnistes. Au volant de leur camionnette ou de leur bus, ces commerces et services itinérants sillonnent la campagne. Ils participent à la lutte contre la désertification des villages et l’isolement des ruraux. Rencontre avec ces entrepreneurs nomades qui redonnent vie à nos campagnes.

 

Charles et Mélina Moncouyoux ont créé un restaurant itinérant : le Bus 26
© Victoria Pulido Denis Porcher

Ce soir à Pulvières, le ciel s’embrase au-dessus de la chaîne des Puys. À bord du bus stationné en pleine campagne, une vingtaine de convives goûte ce moment rare. Le spectacle est à la fois derrière les vitres entrebâillées et dans les assiettes. Depuis cinq ans, Charles et Mélina Moncouyoux déplacent leur restaurant nomade dans une dizaine de communes du Puy-de-Dôme. Depuis cinq ans, chaque midi et chaque soir, le Bus 26 affiche complet. Pour savourer leur cuisine, il faut réserver un an en avance, ou espérer rejoindre la liste des 350 gourmets en attente !
Le bus gastronomique – ou plutôt le restaurant « bustronomique » comme le désigne Charles – est un exemple de ces commerces et services itinérants qui fleurissent dans les campagnes, qu’ils s’agissent de food trucks, d’épiceries, de cabinets d’esthéticienne ou de cafés.
Si tous ne rencontrent pas le succès du Bus 26, la tendance se confirme d’année en année. Face au déclin commercial des centres-bourgs, aux problèmes de mobilité que rencontrent de plus en plus de ruraux, ces alternatives nomades sont autant de réponses. Elles permettent aussi de limiter les longs déplacements en voiture, chers et polluants. Cette question fut au cœur de la réflexion de Charles et Mélina lorsqu’ils décidèrent en 2014, après plusieurs années à travailler dans des tables étoilées d’Auvergne, de se mettre à leur compte. Au départ, ils envisageaient d’ouvrir un établissement fixe. « 50 communes étaient prêtes à nous accueillir, voire à nous aider financièrement ! Mais laquelle choisir ? Et pourquoi inciter nos clients à parcourir autant de kilomètres ? On a décidé de venir à eux en ouvrant un restaurant qui bouge de village en village, raconte le chef. De plus, cette option nous permettait de déplacer notre outil de travail en cas d’échec. » Le couple déniche un bus d’occasion à double étage, qui assurait la liaison Bretagne – Nice et affichait 600 000 km au compteur.

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