Hyper-ruralité

Les nouvelles ruralités (opération lancée par quatre conseils généraux : Allier, Creuse, Nièvre, Cher), un rapport Hyper-ruralité établi par le Sénateur de la Lozère, et enfin le mot ruralité qui vient d’apparaître dans une dénomination ministérielle. Signes positifs ou soubresauts ?

Bernard Farinelli nous délivre sa chronique sur l'hyper ruralitéLe rural profond s’appelle donc désormais l’hyper-rural. Il couvre 26 % du territoire et accueille 5,4 % de la population. Il est caractérisé « par le vieillissement, l’enclavement, les faibles ressources financières, le manque d’équipements et de services, le manque de perspectives, la difficulté à faire aboutir l’initiative publique ou privée, l’éloignement et l’isolement sous toutes leurs formes ». Rien de réjouissant d’autant que la santé, le numérique et les transports restent problématiques. L’analyse se poursuit par les effets de la théorie du nombre : moins on est fort, moins on existe.

Un refuge en cas de crise, mais aussi un extraordinaire réservoir de vie, un laboratoire d’idées.

 

Les élus, les professionnels, les habitants de ces espaces demandent donc qu’on pense à eux différemment. S’il n’y a pas de solutions miracle, l’obligation de traiter l’hyper-ruralité est essentielle pour l’équilibre national en termes d’aménités. Donner à ces territoires des moyens financiers (pour mettre en place et gérer leurs projets locaux parce qu’ils ne peuvent embaucher de spécialistes) et réglementaires (souplesse dans les règles), favoriser la participation réelle des citoyens sont des pistes sérieuses à mettre en place au plus vite. Mais surtout, clamer que dans cet espace on peut se loger très bien et pour pas cher, qu’on trouve son petit domaine, qu’il y a partout des gens qui se battent, qui innovent et qui ne changeraient d’endroit pour rien au monde. Affirmer que le rural est non seulement un refuge en cas de crise continue, mais aussi un extraordinaire réservoir de vie, de résistance au formatage, un laboratoire d’idées. Que le numérique, abolissant les distances, fait sauter l’enclavement. Que l’activité crée l’activité. Que la tranquillité rurale est une assurance vie. Bien entendu, nous attendons que des politiques publiques s’occupent de tous les citoyens, y compris les oubliés des campagnes. Mais nous pouvons décider aussi de ne pas subir et de « dé-métropoliser ».

Bernard Farinelli, auteur et chroniqueur dans le magazine Village

Juin 2015