Ils cultivent des friandises pour les animaux

Il y a deux ans, Ivanne Derouard et Paul Bourdeoiseau se sont lancés dans la production et la commercialisation d’aliments et de friandises bio pour petits animaux de compagnie.

Ivanne Derouard et Paul Bourdeoiseau
© Jean-Pierre Chafes

Flash-back. Ivanne et Paul, alors étudiants à l’université du Mans, possèdent un hamster répondant au nom de Teemo qu’ils nourrissent avec des granulés achetés dans le commerce. « Faute de mieux » puisque le couple est convaincu qu’une alimentation plus naturelle serait meilleure pour leur petit compagnon. Bien que Teemo ait rejoint quelques temps plus tard le paradis des hamsters, l’idée, elle, va continuer à faire son chemin. Et finir par se concrétiser après qu’ils achètent en 2018 une longère du XIXe siècle à la Guyonnière, un hameau de la commune de Martigné-sur-Mayenne.
« On cherchait une ferme avec du terrain pour qu’Ivanne, passionné de chevaux, puisse enfin en avoir un », explique Paul, heureux quant à lui de pouvoir effectuer son retour à la terre. « Je suis actuellement comptable, mais je suis issu du monde agricole et j’ai eu un Bac pro environnement et agronomie », reprend celui qui se revendique comme un adepte de la permaculture. « On a quatre hectares de prairies permanentes sur lesquelles on cultive notre propre foin pour Una, la jument selle française d’Ivanne, Mikado, notre Shetland, et Maya, notre vache. Leur fumier nous sert d’engrais pour la centaine de m² de légumes et d’herbes aromatiques que nous avons plantés. On a aussi un petit verger avec des pommiers, des pruniers, des pêchers. »
La nature se montrant généreuse, le jeune couple voit rapidement sa production dépasser ses besoins. Et c’est là que le souvenir de Teemo revient à la surface. « On s’est dit que s’il était encore là, on pourrait lui donner de la nourriture saine dont on connaît l’origine et le contenu. »

Foin, fruits et légumes séchés

© Jean-Pierre Chafes

Un an plus tard, « le temps de disposer d’une gamme suffisamment étendue », Paul et Ivanne se lancent dans la commercialisation de leurs premiers produits destinés aux petits animaux de compagnie tout en conservant leurs emplois respectifs. « On vend du foin nature ou enrichi et aromatisé avec du pissenlit, des carottes, des betteraves, des pommes, des prunes, du coriandre ou du basilic. Mais aussi des friandises comme des épis de maïs, des fleurs (de tilleul), des fruits ou des légumes séchés », précise Paul, déclaré comme exploitant agricole auprès de la MSA (Mutualité Sociale Agricole). Le tout bio évidemment ! « On a eu la certification en 2018 pour nos terres, puis pour nos produits transformés. On fait sécher les herbes, les fruits et les légumes à l’extérieur quand le temps le permet. Ou sinon avec un déshydratateur. » Quant aux sacs de foin, remplis à la main, ils sont en coton bio et réutilisables.

Le succès via Internet

Bien ficelé, le concept rencontre rapidement le succès. En quelques mois, les ventes, réalisées uniquement via le site Internet créé par Ivanne, décollent. « Nos seuls concurrents ce sont les industriels. Il n’y pas d’agriculteurs qui vendent directement leur production. C’est en tout cas ce que nous a dit une éleveuse du Var qui a longtemps cherché, sans succès, des aliments bio pour ses lapins nains. C’est aussi ce que nous a dit un vétérinaire de Laval qui a disposé nos produits dans son cabinet », sourit Paul occupé à réaliser un… râtelier à foin en bois. Jamais à court d’idées quant il s’agit du bien-être des petits animaux de compagnie, le comptable-agriculteur s’est en effet lancé depuis quelques mois dans une nouvelle activité, la réalisation d’accessoires ciblés : des râteliers donc, mais aussi des ponts à fixer dans la cage pour inciter les petits mammifères à faire de l’exercice. Sans risque d’une éventuelle intoxication puisque « le bois utilisé est issu de nos vignes qui poussent sans engrais chimiques, ni pesticide. Il est 100 % naturel et certifié Agriculture Biologique. Idem pour le coton dont Ivanne faits les sacs à foin ou les housses à brosse qu’on propose également sur notre site ». À terme, cette diversification pourrait prendre de l’ampleur. C’est en tout cas ce que souhaite le couple. « Aujourd’hui, on a calculé que le temps qu’on passe tous les deux en récolte, transformation, préparation des commandes… représente un équivalent temps plein. Mais nous n’en vivons pas. On espère que d’ici la fin de l’année prochaine, on pourra cependant dégager un salaire. Certainement pour Ivanne qui travaille  chez un concessionnaire de matériel agricole, au service des relations humaines », conclut Paul en apportant la touche finale à un râtelier en bois.

Par Jean-Pierre Chafes

 

Découvrez le magazine Village de l’hiver 2020 où figure cet article. Si vous le commandez en ligne, les frais de port sont offerts en France métropolitaine. Le magazine Village ce sont des informations et des initiatives menées dans les territoires. Abonnez-vous et accédez aux archives en ligne.