Livres libres

Pour partager des envies de lecture, monter une bibliothèque d’appoint ou créer un espace de rencontre et d’échange, la boîte à livres connaît un succès grandissant. Pourquoi ne pas en construire une dans votre commune ?

© Christine Raout

Une boîte à livres, c’est un petit meuble où déposer des livres qui restent accessibles à tous 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. L’association Livres des rues à Rennes en distingue deux types : la boîte à livres avec quelques dizaines d’ouvrages (jusqu’à 70) et les bibliothèques de rue qui en comptent plus. « Ceux qui nous contactent pour la création de boîtes à livres développent souvent déjà sur leur territoire des pratiques de vivre ensemble, de consommation collaborative… explique Jean-Pierre Letondu, vice-président de l’association Livres des rues. Lorsque l’initiative vient des communes, la boîte à livres sert souvent de complément pour la bibliothèque municipale, en dehors des horaires d’ouverture. »

Où la placer ?

Sur le domaine public, il faut l’autorisation de la commune. Mais l’installation peut aussi se faire sur une parcelle privée accessible au public. Elle doit se situer sur un lieu de passage : centre du bourg, près des commerces ou de la mairie, mais aussi dans les lieux récréatifs comme un parc public où l’on peut s’installer pour lire.

Quel contenant ?

une cabane à livres

Tout est possible ou presque : ancien garde-manger, petite bibliothèque d’appoint, fabrication avec des matériaux de récupération… Cependant, l’association Livres des rues conseille de s’assurer de son étanchéité à la pluie et au vent, de bien l’orienter, de la fixer pour éviter tout danger, et de la munir d’une porte.
Des organismes proposent des boîtes prêtes à l’emploi (comme le Lion’s Club), d’autres proposent des conseils et des plans à télécharger (boite-a-lire.com) ou envoyés sur demande (grainededahu.fr).

Quels livres ?

Les livres déposés sont souvent le fruit d’un désherbage de bibliothèque ou de dons. Certains choisissent de mêler romans, ouvrages jeunesse, livres pratiques (jardinage, cuisine, bricolage…) ; d’autres lieux plus touristiques optent pour un fonds plus régional. Les livres peuvent être marqués (pastilles, tampon de la commune ou de l’association).
Le marquage permet de suivre la vie des livres. Certains déposent aussi un cahier pour partager impressions, coups de cœur, envies de lecture…

Quelle surveillance ?

© Christine Raout

Il faut afficher clairement les règles du jeu, même simples, pour non seulement inciter les curieux à attraper un ouvrage, mais aussi décourager les vols et les dégradations. La surveillance doit être régulière : élus, bénévoles et utilisateurs doivent s’assurer que la boîte est en bon état, les livres rangés… Une boîte à l’abandon est moins respectée. Et puisque les livres sont visibles et consultés par tous, il faut s’assurer qu’ils sont bien destinés ­­­à tout public.

Des cabines à livres

© Christine Raout

D’ici la fin de l’année, les 5450 dernières cabines téléphoniques seront démontées. Des communes souhaitent les conserver et s’adressent à Orange pour en avoir l’autorisation. C’est désormais possible en signant un document désengageant la responsabilité de l’opérateur téléphonique. À Saint-Honorine-du-Fay dans le Calvados, la maire Colette Legoupil a fait cette démarche. Dans cette commune de 1300 habitants, la cabine a été démontée puis nettoyée. Un élu a fabriqué des étagères. Le « Livres service » et des bancs ont été installés près de l’église. Des dons ont permis de constituer un fond pour un premier dépôt et constituer une réserve. « Certains fréquentent la cabine alors qu’ils ne vont pas à la bibliothèque. Les retours sont positifs. Depuis, j’ai eu des appels de maires alentour. »
À Saint-Pierre-de-Frugie en Dordogne, dans les jours qui ont suivi l’autorisation de conserver la cabine, le conseil municipal de la commune (400 habitants) a voté l’installation d’une boîte à livres. Le cantonnier a fabriqué des étagères et les premiers livres ont été déposés, issus de dons pour la bibliothèque municipale. Sans avoir affiché le mode d’emploi, les habitants se sont pris au jeu. « Dès le lendemain, d’autres livres ont été apportés, le bouche-à-oreille a fonctionné, raconte Gilbert Chabaud, le maire. La notion de partage est intéressante, ça peut amener l’amour de la lecture et c’est à la portée de tous. »

 

Christine Raout, novembre 2017