Ritchie Huxley, paysan glacier
© Christine Durand

Dans une autre vie, Ritchie Huxley était ingénieur en robotique. Il a aussi tenu un commerce de matériel audio vintage. Jusqu’au jour où il a eu envie de tout quitter : direction le Canada, l’Asie, puis le Morbihan pour y apprendre à cultiver des fruits. « Pendant un an, j’ai appris à faire de la glace chez moi avec une sorbetière, sourit Ritchie. Ça demande une bonne technicité. »
En 2012, après deux ans de recherche, il réussit enfin à trouver des terres. « En courrant un marathon j’ai rencontré la présidente du syndicat des eaux. Ils avaient une zone de captage de 500 hectares, préservée des pesticides, sur laquelle se trouvait un verger à l’abandon ». Ritchie défriche plus de quatre hectares et signe un bail rural environnemental. Puis il déniche en Grande-Bretagne une machine à glace d’occasion : « Elle vaut 50 000 euros neuve, j’ai pu l’acheter dix fois moins cher. Sans ces coups de hasard, rien n’aurait été possible ! »

Médailles gastronomiques

Aujourd’hui, le laboratoire est installé à côté de la longère qu’il est en train de rénover, à 6 km du verger. Il y a investi toute son aide à l’installation et ses économies. « J’habite dans un mobile-home comme beaucoup d’agriculteurs ici », précise-t-il. Aux 1 500 pommiers, se sont ajoutés 3 000 fraisiers et 100 fruitiers divers. Il a abandonné la production de cidre et renoncé, pour le moment, à cultiver d’autres plantes ou fruits : « Je préfère faire appel à des amis producteurs. Il faut préserver sa vie privée, sa santé et trouver le bon équilibre. » L’atelier fabrique 4 000 litres de glaces bio par an, déjà récompensées par six « trophées
de la gastronomie bretonne » : sorbet chocolat, fraise-mojito, pomme-mangue-citron vert… La marque a trouvé sa place dans cinq magasins de producteurs, deux biocoops et trois restaurants.
Depuis cette année, le paysan-glacier parvient à se dégager « un Smic et demi ». Un revenu bien inférieur à ce qu’il gagnait avant. Mais malgré les difficultés, il a pu, grâce à son entreprise, « remettre les pieds sur terre » et trouver dans ce pays vannetais « très riche en réseaux associatifs » une vraie qualité de vie.

Christine Durand, mai 2018