Les nouveaux lieux du lien

Bureaux partagés, espaces de rencontre, coliving…
© Cil Vert

Espace de travail partagé, fablab, Repair café… Les tiers-lieux de toutes sortes prolifèrent partout en France. Derrière ces termes parfois obscurs, se cachent des outils capables de dynamiser les campagnes. Des lieux où l’on réinvente le travail et où l’on crée des relations sociales.

Au rez-de-chaussée, on joue aux cartes, on descend un café fissa ou on s’attable pour savourer la cuisine, divinement bonne, de Séverine. À l’étage, silence on travaille. Passé le couloir qui se faufile entre les packs de jus de fruit, un escalier en bois mène vers deux bureaux fermés, puis un petit coin cuisine, une salle de réunion avec son plancher de verre qui offre une vue plongeante sur le restaurant et un dernier grand bureau à l’entrée duquel trône une imprimante 3D. « Ici, une personne travaille dans la maintenance informatique et une autre dans le stylisme et le graphisme. Dans le grenier, il y a un autre espace. C’est le cinquième bureau. Il est occupé par une société allemande qui fait de la formation en droit fiscal », détaille Arthur Pailhès en redescendant vers le comptoir. « Au final, on a créé un tiers-lieu sans le savoir », sourit le gérant du Bouche à oreille, lorsque se tait le percolateur.
La quarantaine, Arthur et son épouse Séverine ont bâti cette auberge espagnole dans le village gersois de Simorre (705 hab.). Un peu partout en France, une multitude de tiers-lieux comme Le Bouche à oreille voit le jour, à l’initiative de citoyens ou de collectivités, autour de bureaux ou de jardins partagés, d’un café associatif ou d’un Fablab.

© Sylvie Le Calvez

C’est au sociologue américain Ray Oldenburg que l’on doit le terme de tiers-lieux, employé en 1989 dans son ouvrage The great, Good place. Le chercheur analyse alors les bouleversements urbains en œuvre aux États-Unis, l’afflux d’habitants dans des banlieues où les liens sociaux se dégradent. Dans ce contexte, les « troisièmes lieux » – qui peuvent être des bars ou des bibliothèques – revêtent une importance fondamentale. Ce sont « des maisons hors de la maison », où l’on peut échanger et créer une communauté d’habitués, des lieux qui « se situent entre l’espace public et l’espace privé, qui ne relèvent ni du domicile, ni du travail ».

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