Un marais, c’est une éponge. Il joue un rôle essentiel pour l’équilibre hydrologique d’un territoire en retenant les eaux de ruissellement après de fortes pluies et en les restituant en période d’étiage. Il constitue également une réserve de biodiversité.
À ce titre, le marais de Vaux, sur le plateau du Bugey, est remarquable. Perché à 760 mètres d’altitude, c’est la plus grande zone humide de montagne de l’Ain. Sur 132 hectares, il accueille 160 espèces végétales (plantes carnivores, orchidées) et des dizaines d’espèces d’oiseaux (pie grièche grise, bécasse des marais, milan royal). Mais surtout, il joue une fonction de rétention des crues et d’épuration naturelle des eaux pour les deux communes rurales qui le bordent : Hauteville-Lompnes et Cormaranche-en-Bugey. Pollué par les rejets d’eaux usées et asséché par les pratiques agricoles du siècle passé, il s’était emboisé et avait perdu ses capacités de captage, de filtration et de restitution. Il vient d’être entièrement restauré pour redevenir un milieu ouvert. Ce travail de longue haleine aura coûté 1,5 millions d’euros, pris en charge par les collectivités locales, l’État, l’Europe, etc.
Au programme : défrichement, comblement d’une partie des fossés de drainage aménagés par les paysans pour l’assécher, et reméandrement du ruisseau qui le traverse pour lui redonner son dynamisme naturel. Après trois ans d’efforts, le marais est à nouveau une éponge! Des travaux d’aménagement du réseau d’assainissement des communes voisines ont été menés en parallèle. Le site se visite grâce à un sentier d’observation sur pilotis en accès libre. L’occasion d’apercevoir le troupeau de tarpans, ces chevaux sauvages rustiques chargés de l’entretien des lieux.
Cette intervention exemplaire pourrait inspirer d’autres territoires. Selon le Conservatoire d’espaces naturels Rhône-Alpes, la France aurait perdu près des deux-tiers de ses zones humides en un siècle.
Stéphane Perraud