Beaux, vivants et accueillants !

Lagrasse (Aude), classé Plus beau village de France
© Idris Bigou-Gilles

Ce sont des images de cartes postales, des sites au patrimoine remarquable et à l’architecture harmonieuse. Les 159 Plus Beaux Villages de France sont des fleurons du tourisme rural que visitent des millions de personnes chaque année. Si la cohabitation entre touristes et villageois est parfois délicate, les communes profitent de leur héritage et du label pour développer des activités – souvent commerciales, artisanales ou culturelles – au profit des personnes qui les habitent.

La départementale se faufile entre vignes, pinèdes et paysages de garrigues. En contrebas, l’Orbieu coule paisiblement tandis que le vent d’autan balaye les crêtes arrondies des Corbières. Et puis, au détour d’un virage, une monumentale abbaye s’élève au-dessus d’un village en forme d’amande. « C’est la plus belle des cartes postales. Pour quiconque aime les vieilles pierres, notre village est exceptionnel. Nous avons des ruelles en calades, la place de la halle a été rénovée avec les galets de la rivière. Il y a aussi les remparts, la Tour de Plaisance, la Porte de l’Eau, le pont Vieux du XIIIe siècle », énumère René Ortega, maire de Lagrasse. Remarquable, ce patrimoine a permis au bourg audois d’obtenir le label Plus Beaux Villages de France en 1992. Près de trente ans plus tard, il fait figure d’ancien au sein de ce club qui rassemble 159 villages répartis dans toutes les régions de France ; d’ancien et parfois même de référence. Car derrière ce décor sublime, au verso de cette carte postale, se dessine une commune atypique, aux antipodes de l’image de « village musée » qui colle souvent à ces perles patrimoniales du monde rural.
En se faufilant dans les ruelles médiévales de Lagrasse jusqu’à la discrète place de la Bouquerie, ce cliché vole même en éclat. Depuis plus de trente ans, un imposant bâtiment de trois étages reçoit des demandeurs d’asile du monde entier. « En 1983, nous avons commencé par accueillir soixante réfugiés d’Asie du sud-est, puis des Kosovars à la fin des années 1990. Petit à petit, le lieu a été transformé en Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada). Nous accueillons tous ceux qui fuient leur pays pour cause de guerres ou de persécutions. Nous essayons de les protéger, de les aider à refaire surface », explique René Ortega qui fut longtemps responsable du secteur social de la Fédération des œuvres laïques de l’Aude, l’institution qui gère ce site.

Les réfugiés maintiennent les effectifs de l’école

Le Cada héberge une cinquantaine de personnes – un chiffre qui compte pour un village de 550 habitants. Selon les époques, suivant la géographie des drames planétaires, les réfugiés viennent de Syrie, d’Afghanistan, du Soudan, de Tchétchénie, d’Albanie…

Axel Puig, été 2020

 

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