Les bombes de graines peuvent se fabriquer avec les enfants
© CPN

Ces bombes-là n’apportent ni destruction, ni désolation là où elles sont jetées. Aussi appelées boulettes, billes, balles de graines ou encore « seedballs » ou « seed bomb » en anglais, leurs origines remonteraient à l’antiquité. C’est le Japonais Masanobu Fukuoka (1913-2008), pionnier de la permaculture, qui les remet au goût du jour pour protéger ses semences de riz. Depuis, leur usage s’est diversifié : verdissement plus ou moins clandestin des villes (guérilla jardinière), reforestation de sites inaccessibles (montagnes d’Honolulu, de Thaïlande, du Kenya…), éducation à l’environnement ou jardinage. C’est en outre, un atelier facile à entreprendre en famille.

Pourquoi fabriquer des bombes à graines ?

Les bombes de graines peuvent se fabriquer avec les enfants
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« Avant le comment et le où, la toute première question à se poser est de savoir pourquoi on souhaite fabriquer des bombes à graines, explique Fanny Husson-Poisson de la fédération Connaître et protéger la nature(FCPN). Si c’est pour vous créer un jardin spontané, peut-être vous tournerez-vous vers des graines de légumes, de fleurs mellifères… Pour reverdir une friche, ce sera plutôt un mélange graminées et fleurs. N’hésitez pas à vous rendre sur le terrain choisi pour voir si la biodiversité y est réellement appauvrie. Certes, on peut estimer que la pelouse du voisin ou qu’un champ cultivé sont pauvres en biodiversité, mais s’ils sont traités, y jeter des bombes à graines sera vain et certainement pas du goût des propriétaires. Il faut aussi absolument proscrire les espaces naturels protégés. Leurs fragiles écosystèmes pourraient souffrir de l’arrivée de ces plantes. » Fanny Husson-Poisson conseille ainsi de cibler des bords de route, les interstices des trottoirs ou un rond-point un peu triste.

Quelles graines choisir ?

Toutes les graines conviennent : fleurs, graminées, légumes, arbres… Fanny Husson-Poisson recommande toutefois des espèces vivaces, locales et utiles à la biodiversité, quitte à aller les récolter, quelques mois avant, sur les sites où elles seront lancées. De même, vous pouvez resemer chez vous les graines des légumes de votre jardin. Si vous n’êtes pas sûr de leur qualité, trempez-les dans l’eau. Celles qui flottent sont abîmées. En l’absence de graines maison, tournez-vous vers des fournisseurs ou des associations de semences paysannes (Réseau semences paysannes, Biau Germe…), et privilégiez desplantes mellifères. La Fédération CPN suggère quelques variétés : Bleuet, coquelicot, souci, mauve, menthe, marjolaine, capucine, centaurée, ciboulette, bourrache, thym, oseille et aussi tournesol, courge, haricot… Évitez les plantes d’ornement et exotiques et surtout celles reconnues invasives : renouée du Japon, buddleia (arbre à papillons), herbe de la pampa ou jussie.

Lancers de printemps

La nature se réveille au printemps, la saison idéale pour fabriquer et lancer vos bombes. Il suffit de mélanger dans un saladier quatre volumes de terre argileuse, ou d’argile trouvée dans le commerce (rouge, verte, en poudre, en pain…), avec cinq volumes de la terre de jardin ou du terreau et un volume de graines. Un peu de compost enrichit la préparation. Le terreau nourrit les graines tandis que l’argile les protège. Les bombes offrent ainsi les conditions idéales de germination : obscurité, humidité et chaleur. Ajoutez un peu d’eau et malaxez jusqu’à obtenir une consistance de pâte à modeler. Il ne reste plus qu’à façonner les boules à la taille souhaitée, d’une bille, d’une noix ou d’une balle de ping-pong. Vous pouvez aussi réaliser d’abord les bombes sans les graines et y faire un trou afin d’y mettre deux-trois grosses graines ou une dizaine de petites semences avant de les refermer. Laissez sécher une ou deux journées au sec et à l’abri de la lumière avant de les lancer, sinon elles risquent d’éclater au contact du sol. En l’absence d’argile, vous pouvez remplir des coquilles d’œufs d’un mélange de terre avec un peu de compost, introduire quelques graines aux deux-tiers et recouvrir de terre. Au sec et dans l’obscurité, les bombes à graines peuvent se conserver plusieurs jours, voire plus… À surveiller néanmoins, la nature est parfois imprévisible.

Lucile Vilboux, février 2020