
© Axel Puig
C’est une aspiration partagée par de nombreux Français, jusqu’à plus de huit salariés sur dix selon plusieurs études. Changer de vie et de métier attise les rêves. Pourtant, bifurquer n’est pas toujours aisé, surtout lorsque cela rime avec sacrifice financier. Mais ceux que nous avons rencontrés pour ce dossier ne regrettent rien. Dans leurs nouveaux métiers, ils ont trouvé du sens, un épanouissement personnel en travaillant avec leurs mains et parfois une adéquation entre leur vie et leurs convictions les plus profondes. Au point d’inspirer ?
Par Axel Puig
Le plafond est bas, la lumière faiblarde, la cafetière en panne, mais en ce matin morose, il en faut plus pour assombrir la journée d’Ingrid et Jacques. Dans les Monts d’Ardèche, tandis que les cimes des pins ploient sous le vent, le couple charge la camionnette de licols, de bombes et de cartes sous plastique. Direction la pâture, située sur leur commune de Saint-Julien-d’Intres, où les attendent leur petite troupe d’ânes et une famille pressée de randonner au pas de leurs bourricots. « Quand on a un coup de mou, on va voir les animaux, on se met au milieu des troupeaux et ça va mieux », lance Jacques en grimpant au volant.
« Pendant des années, le besoin d’argent a guidé nos vies jusqu’au moment où on a décidé de prendre nos décisions à l’instinct. »
Il y a trois ans à peine, Jacques David se trouvait pourtant dans un tout autre état d’esprit. Déprimé, sans envie, en somme en total burn-out. « J’ai travaillé pendant dix ans dans le contrôle qualité et la traçabilité du bio. Je couvrais les régions Paca, Auvergne-Rhône-Alpes et une partie de l’Occitanie. Je faisais 80 000 kilomètres par an. J’étais trois semaines sur quatre à l’hôtel », raconte le trentenaire. « Quand tu es devenu manager, on ne se voyait presque plus. Tu n’étais jamais à la maison », le coupe Ingrid Boucaud, sa compagne. « C’est vrai. C’est lorsque le Covid est arrivé et qu’on n’a plus pu circuler en voiture, que j’ai pris conscience que je ruinais ma vie et ma santé depuis dix ans. À la reprise du travail, j’ai craqué. Je ne pouvais plus faire une addition à deux chiffres. Pendant un an, j’ai dû être mis en arrêt maladie », reprend Jacques. (…)






