Édito – Sylvie Le Calvez
Nous sommes des êtres remplis d’énergie. Parfois certains viennent nous la pomper, nous empêchant de donner le meilleur de nous-mêmes, quand d’autres, a contrario, la renforcent, la démultiplient. Bien sûr, cela ne doit pas nous empêcher de nous économiser parfois, pour ne pas trop nous user…
Ce qui est vrai pour les hommes l’est aussi pour ce qui nous environne et réciproquement. Il est primordial de limiter la consommation énergétique dans les maisons, mais il est bon de ne pas les empoisonner par des matières toxiques. Mieux vaut par exemple privilégier des matériaux biosourcés – laine de lin, de chanvre, de mouton, etc. – car cela profite aussi aux paysans, à l’économie locale, aux habitants. Et pour produire de l’énergie, ne vaut-il pas mieux jouer la carte locale, accessible, simple, compréhensible et systémique ?
Certes, il ne faut pas rayer d’un trait toutes les recherches et lancement de grosses unités de production, que ce soit autour des énergies marines renouvelables, dans le domaine de l’hydrogène ou autre technologie, mais les coûts d’exploitation sont exorbitants, les répercussions environnementales mal maîtrisées, et les retombées, s’il y en a, enrichiront une minorité quand la majorité sera dépossédée de la valeur ajoutée.
Il y a bien souvent des solutions plus simples à mettre en œuvre, moins coûteuses, dans lesquelles le citoyen-consommateur peut prendre une part active et qui préservent les territoires et les hommes qui y vivent. Ne vaut-il pas mieux mettre en place, là où c’est judicieux, des petites chaufferies bois avec un réseau de chaleur à taille humaine ?
Ces dernières permettent de réutiliser et de valoriser les déchets des scieries ou le bois des haies bocagères. Elles renforcent le tissu local artisanal et agricole. Ne vaut-il pas mieux créer de petites unités de méthanisation associant agriculteurs et collectivités dans une société coopérative, ou installer des éoliennes de taille mesurée avec une participation citoyenne que de créer des giga-équipements qui sacrifient des pans entier de territoires et qui nécessitent la construction d’ouvrages de transport d’énergie démesurée? Se réapproprier son énergie c’est retrouver soi-même de l’énergie en ne se sentant plus « partie négligeable » d’un système. C’est aussi comprendre un peu mieux l’écosystème qui nous entoure. Il en va de même pour l’alimentation. Ce qui concerne la satisfaction des besoins primaires ne devrait plus échapper aux citoyens.
Saint-Paul, le 20 janvier 2019
Lire l’édito dans le Village 139