
Frappé par la concurrence des grandes surfaces, les changements d’habitudes de consommation et l’épuisement du modèle de l’épicerie traditionnelle, le monde rural subit une désertification commerciale depuis plusieurs décennies. En France, plus d’une commune sur deux ne dispose d’aucun magasin. Face à cette situation, des habitants et des porteurs de projets se mobilisent. Associatif, participatif ou coopératif, le paysage commercial est en pleine mutation. Enquête.
Par Axel Puig
Ce mardi d’hiver, il n’y a pas foule à l’épicerie de Teulat, village tarnais de quelque 500 habitants, situé à une petite trentaine de kilomètres de Toulouse. De permanence en duo, Céline Malépart et Lyse Lesvigne en profitent pour vérifier quelques DLC (Dates limites de consommation de certains produits), jeter un œil au planning ou aux approvisionnements.
Lorsque Loïc Henaff, puis Nathalie, se présentent, les discussions dérivent naturellement vers le chantier de l’autoroute A69, l’espoir de voir les recours enfin appliqués alors qu’en contrebas du village, les pelleteuses sont à l’œuvre, éventrant la terre et les champs. Puis, on reparle organisation, pertes, logiciel, livraisons, légumes, volailles et produits frais. Les laitages sont dans l’œil du cyclone. La plupart des membres de l’épicerie trouve la qualité décevante.

« Pour pouvoir acheter quelque chose ici, il faut donner deux heures de son temps par mois, que ce soit pour tenir la caisse, faire le ménage, récupérer les commandes ou faire de la comptabilité. Nous disposons d’un logiciel qui permet à chacun de s’inscrire au planning », expliquent Céline et Lyse.
Au Cellier de Teulat, les clients sont en quelque sorte tous épiciers. Ils testent et sélectionnent les produits qu’ils vont ensuite vendre et manger ! (…)