Quand les habitants deviennent épiciers…

Dans les villages où les commerces se raréfient, des citoyens se regroupent pour créer leurs propres épiceries. Reportage en Drôme-Ardèche où le phénomène prend de l’ampleur.

« Pas plus de trois clients en même temps. » C’est indiqué sur la vitrine de L’épicerie de Beaufort-sur-Gervanne. En ce jour d’été, il y a la queue devant le magasin. Dans la rue, ça discute potins et Covid19 en attendant de remplir son cabas. « Avec le confinement, on a vu arriver de nouveaux clients et augmenter notre chiffre d’affaires. Cette crise nous prouve combien le commerce de proximité est essentiel à la campagne, confie Marion Richaud, les bras chargés de provisions. On trouve tout ici : des fruits et légumes, des laitages, des boissons, de la charcuterie, de l’épicerie sèche en vrac, des cosmétiques… Un millier de références, dont la moitié provient de producteurs locaux. » Enthousiaste, Marion n’est pas une cliente ordinaire. Quand elle ne fait pas ses courses, elle passe volontiers derrière la caisse, décharge des cagettes et vérifie les comptes avec Cloé, Martin, Simon, Ann Lou… Des habitants de ce village drômois d’à peine 500 âmes qui, comme elle, sont devenus épiciers à temps partiel.

Les habitants passent à la caisse

L’histoire commence il y a six ans. Quand l’ancienne épicerie de Beaufort tire le rideau, la population espère que la municipalité va racheter le fonds de commerce. En vain. « On a vécu deux ans sans épicerie. Pour les personnes âgées des cinq villages proches, c’était un gros souci, se souvient Marion. C’était la seule de toute la vallée. Après une première réunion publique, nous avons décidé d’en recréer une de toutes pièces,sous forme associative, avec une trentaine d’habitants. »

Stéphane Perraud, septembre 2020

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