Hélène Cassagne est couturière ambulante dans le Tarn-et-Garonne. Ancienne travailleuse sociale, reconvertie à la suite d’une maladie, elle retrouve dans cette activité le sens de l’écoute.
Texte et photo : Elisa Centis
Tous les vendredis matins, depuis bientôt deux ans, Hélène Cassagne installe son camion-atelier au milieu des étals de fruits et légumes, sous la halle de Lavit, commune du Tarn-et-Garonne de 1 600 habitants. « Amener le service à la porte des gens », c’est ce que souhaitait cette ancienne conseillère en économie sociale et familiale lorsqu’elle choisit de se reconvertir, à la suite d’un cancer. « Petite, je voulais avoir un camion pour faire de l’épicerie ambulante », glisse-t-elle depuis l’intérieur de son atelier de couture mobile. Soucieuse de ne pas s’endetter, Hélène Cassagne sollicite différents organismes pour mener à bien son projet et monter sa micro-entreprise qu’elle baptise « Ma Bobine ».
Pôle Emploi lui paye une formation retouche qui vient compléter ses compétences initiales. Pour l’achat de son camion d’occasion, elle bénéficie d’une aide de l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) de 5 000 €, qui couvre 50 % de la somme, tandis que le réseau d’aide à la création d’entreprise BGE l’accompagne sur la partie administrative. Pour le reste, la Tarn-et-Garonnaise, qui était déjà bien outillée, a pu compter sur la générosité de proches qui lui ont fait dons de matériel ou de tissus.
Bien plus qu’un travail
Sa micro-entreprise voit officiellement le jour en septembre 2021. Elle prend alors la route et enchaîne les marchés, avant qu’une nouvelle mauvaise nouvelle ne l’arrête dans son élan. Début 2022, elle retombe malade. Pour se soigner, elle ne s’arrête qu’un mois et demi. Sa Bobine est devenue plus qu’un travail. « C’est elle qui me tient », confie Hélène Cassagne, qui, à 52 ans, sait qu’elle va devoir vivre avec cette maladie, devenue chronique. Consciente qu’elle ne peut travailler qu’une demi-journée par jour, elle choisit de ne faire que deux marchés par semaine.
Son activité, qui lui rapporte entre 300 et 600 € par mois, lui permet de payer toutes les charges. Sa véritable rémunération est ailleurs. « C’est ce que je vis, insiste-t-elle. Je suis dans l’histoire des gens. Je les écoute. Je les accompagne pour une cérémonie ou un changement de poids. Je fais beaucoup de retouches après l’achat d’un vêtement de seconde main. » Ce n’est « pas loin du travail social, conclut-elle. La contrainte institutionnelle en moins ».