Au cœur des débrouilles rurales

Doctorante en sociologie à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Fanny Hugues a rencontré et étudié durant plusieurs années, celles et ceux qu’elle nomme « les modestes économes ». Le mode vie, souvent hérité, de ces ruraux discrets repose sur une diversité de ressources et nous interroge sur la notion de sobriété.

 

Propos recueillis par Lucile Vilboux, photographies de Fanny Hugues

« La débrouille, c’est un véritable mode de vie. Ce n’est pas juste une accumulation de gestes sobres et économiques. C’est toute une organisation à entretenir pour vivre avec peu de revenus monétaires mais sans estimer manquer de rien. »

 

Quel cheminement vous a amené à étudier ces personnes qui vivent, comme vous dîtes, de « débrouilles rurales » ?

 

Après avoir réalisé mes mémoires de master de sociologie sur une communauté Emmaüs et le quotidien d’une cueilleuse de plante installée dans la Drôme, j’ai eu envie de poursuivre mes travaux sur les pratiques, le plus souvent invisibles aux yeux de la statistique publique, de récupération et d’échanges qui se vivent dans des familles et des foyers installés dans les territoires ruraux. Le mouvement des gilets jaunes, même si je n’ai pas étudié spécifiquement ce public, m’a conforté dans ce choix, auquel j’ai ajouté une dimension écologique du fait de la sobriété de ces modes de vie. (…)