Florence Vandenhende a plaqué sa carrière dans le marketing, vide de sens. Elle s’accomplit comme créatrice d’ustensiles de cuisine en bois.
En gestes sûrs, les cheveux en bataille et l’air décidé, la jeune femme tourne, sculpte, entaille le bois et fait naître de la vaisselle aux formes douces, bien proportionnées. Les bols, saladiers, ou planches à découper en chêne, frêne ou hêtre ont des teintes chaudes et des courbes rassurantes.
Une forêt, l’atelier et la boutique en bord de mer, la maison retapée avec des amis, voilà le nouvel univers de FlorenceVandenhende. Paris, la Défense, sa vie de marketing est déjà loin. « Ce que je faisais n’avait pas de sens. Il n’y avait pas moyen d’inventer. Je voulais faire quelque chose de mes mains. »
En 2014, à 31 ans, elle atterrit dans une maison en lisière de forêt à Crécy-en-Ponthieu. Elle découvre les bucherons, les scieurs qui y travaillent. La matière l’attire. Elle sculpte et taille ses premiers bols dans les essences de bois durs des feuillus de la forêt domaniale. « Un menuisier m’a formé à la sculpture. J’ai appris ensuite le tournage durant un mois aux Aliziers, un centre de formation aux métiers du bois à Breteuil (Oise). »
Florence révèle son talent. Ses ustensiles sont beaux et modernes. « J’ai toujours aimé le design, les belles matières. » Pour ses créations, elle achète des chutes d’érable, noyer, merisier ou hêtre auprès de scieurs et d’amis élagueurs. Elle vend ses ustensiles sur Internet. Pour le coup, ses connaissances en marketing lui sont utiles. « L’artisan, c’est aussi un commercial. Les bols, il faut les vendre. J’avais un bon réseau à Paris et la baie de Somme est en vogue. » Les restaurateurs du bord de mer sont les premiers séduits. La presse vante le côté brut et sauvage de sa vaisselle. « Traité à l’huile végétale puis poli, le bois est adapté à un usage alimentaire. Plus il fait sa patine, plus il est utilisable. »
Effet insoupçonné, « avec des bols et des assiettes en bois, on mange dans le calme. »
En juillet 2018, avec d’autres créateurs, elle loue un local à Ault, petite ville en bord de mer. Elle installe son atelier derrière la boutique associative, Effet Mer. « Les habitants nous ont super bien accueillis. » Même s’ils ne sont pas les clients principaux, « iIs sont toujours là pour nous aider ».
Le bol à 30 € peut sembler cher. « Si l’on compte le temps de travail, les charges, ça ne l’est pas tant que ça. » Un bon investissement, écologique et durable. Le bois ne casse pas comme la porcelaine.