Françoise Baltzer, 51 ans a été l’une des pionnières avec sa librairie Les Caractères.
© Elodie Horn

À Fontenoy-la-Joûte, les granges se succèdent et ne se ressemblent pas. Ces anciennes fermes abritent depuis 1996 des bouquinistes. À l’époque ils sont quatorze à se lancer dans l’aventure, ils sont encore huit aujourd’hui. Parmi eux, Françoise Baltzer, 51 ans a été l’une des pionnières avec sa librairie Les Caractères. Elle a bâti sa vie autour des livres, dans son chaleureux commerce entièrement rénové par ses soins qui abrite 25 000 références. « Dans ce métier j’apprends tous les jours des choses et je rencontre des personnes passionnantes », décrit-elle tout en soulignant que sa clientèle est constituée aussi bien d’habitués que de curieux venus découvrir la cité.

« Depuis que Fontenoy est devenu village du livre, la population ne cesse d’augmenter ­­­»

Le métier attire aussi de nouveaux venus. À bientôt 30 ans, Jérémy Adam a débuté sa carrière dans la métallurgie et a eu l’opportunité de reprendre une boutique il y a deux ans. Il l’a renommée Le lotus bleu, en hommage à Hergé et à son épouse originaire de Chine. « Je revends surtout des livres d’occasion récupérés sur des brocantes ou chez des particuliers », précise Jérémy Adam qui tient à proposer des ouvrages à des prix abordables. Alors que la majorité des bouquinistes sont généralistes, David Vitali a pris le parti de se spécialiser dans la bande dessinée et les livres jeunesse. Cet ancien bûcheron de 46 ans a offert une seconde vie à la boutique de sa belle-mère nommée l’Étable. Aujourd’hui, il ne changerait d’emploi pour rien au monde. « C’est une passion avant d’être mon métier, je n’ai jamais l’impression de travailler. Je pense rester là jusqu’à la fin et être enterré sur un lit de BD », s’esclaffe le bouquiniste. Depuis que Fontenoy est devenue village du livre, la population ne cesse d’augmenter, passant de 278 habitants dans les années 1990 à 307 aujourd’hui.

Des livres et des réussites ?

Claire Taoussi est la présidente de la Fédération des villages du livre en France qui compte, et ce depuis ses débuts, huit villages. Elle est aussi la directrice salariée de l’association de l’un d’eux, Montolieu, village du livre et des arts. Grâce aux livres et à son travail à temps plein, la commune audoise a été repeuplée. Elle compte désormais 90 commerces dont 16 librairies. Un modèle difficile à mettre en place dans d’autres villages dont les actions sont généralement assurées bénévolement par les bouquinistes. D’autres, comme Bécherel en Bretagne, ont aussi réussi à tirer leur épingle du jeu. Le projet a été absorbé par la communauté de communes. S’il a pris plus de poids, il a aussi perdu en autonomie. De plus, la crise a également impacté les ventes de livres. « Tous les villages du livre ont été touchés. Il y a une légère reprise depuis deux ans,
le public est de retour et il exige une grande qualité d’accueil », conclut Claire Taoussi.

Elodie Horn, mai 2019