Créée il y une quinzaine d’années par un metteur en scène et un machiniste, l’association Artstock collecte des anciens décors, des matériaux bruts et autres costumes jusqu’alors condamnés à l’incinération. Dans un gigantesque hangar au cœur de la campagne haut-garonnaise, ces éléments issus du spectacle vivant ou du monde de la mode retrouvent une seconde vie.
Texte : Axel Puig
Impassible, pattes avant étendues et regard bien droit, le sphinx garde l’entrée du gigantesque entrepôt. La statue monumentale semble comme égarée dans ce coin de campagne du Comminges, petite région située au sud du département de la Haute-Garonne. « Nous l’avons récupéré à l’issue de l’opéra Aïda », lance d’emblée Alain Journet avant de se faufiler entre des colonnes romaines provenant du décor du Ben-Hur de Robert Hossein, joué devant des dizaines de milliers de spectateurs au Stade de France, et d’impressionnants tuyaux rouges qui, assemblés, représentaient l’usine d’une pièce donnée au Théâtre du Capitole de Toulouse.
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À l’intérieur du bâtiment, entre des montagnes de planches et des rouleaux de gazon synthétique, on trouve des trésors et des curiosités dans chaque rangée, du sol au plafond. Ici une jeep de l’armée américaine, là le trône d’un maharadja, une cotte de mailles, un bout de muraille, une cathédrale en kit, ou un gigantesque éléphant blanc se balançant sur un fil de corde.
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Installé dans une ancienne tuilerie du village de Blajan (439 habitants), le siège de l’association Artstock est une vraie caverne d’Ali Baba. Depuis 2015, on y stocke des éléments de décor, des costumes, des matériaux divers et variés, qui, après avoir été utilisés pour des spectacles ou des événements étaient jusqu’à présent envoyés à la déchetterie ou incinérés. (…)