Quelle agriculture face au chaos climatique ?

Confrontés à des épisodes de sécheresse de plus en plus longs, des coups de vent fréquents et des inondations répétées, les agriculteurs s’adaptent comme ils peuvent. Pour répondre au défi climatique, certains expérimentent de nouvelles cultures, issues des pays du sud. D’autres optent pour des pratiques agricoles telles que l’agroforesterie. Tour d’horizon.

Par Axel Puig

C‘est un jour de juillet comme tant d’autres où le soleil matraque le massif des Corbières. À 16 heures, deux départs d’incendies ont été signalés en bordure de l’autoroute A9, entre Sigean et Narbonne. Sans doute des mégots jetés par la fenêtre. Sèche comme de la paille, la garrigue s’est aussitôt embrasée. Heureusement, les pompiers étaient aux aguets, un canadair prêt à décoller. À quelques kilomètres de là, sur la commune de Fitou, l’information trouble à peine Marie Maynadier. Les feux, les sécheresses, la tramontane qui assoiffe les sols sont devenus le lot quotidien des Audois comme de leurs voisins Catalans. En 2023, ce coin de Méditerranée n’a reçu que 250 mm d’eau, des précipitations dignes d’un climat semi-aride.

“C’est le climat qui nous a poussés à nous diversifier”

« Depuis 2013, on se rend compte qu’il faut vendanger de plus en plus tôt qu’il y a de moins en moins d’eau. En 2014, il y a eu un premier gros coup de chaud avec des températures qui grimpaient jusqu’à 45°C. Nous nous sommes dits que si ça continuait comme ça, la vigne ne résisterait pas. Finalement, c’est le climat qui nous a poussés à nous diversifier », raconte la viticultrice depuis son chai dont les murs épais préservent un peu de fraîcheur. « Pour trouver des solutions, nous nous sommes tournés vers la chambre d’agriculture de l’Aude qui, avec l’Agence de l’eau, nous a proposé de faire un essai de diversification en milieu aride », poursuit Laurent Maynadier, qui a repris le domaine du Champ des sœurs, dans sa famille depuis le XVIIe siècle.