En Haute-Garonne, Leslie Faggiano, Yann et Pierre Le Portal ont créé une société coopérative spécialisée dans la fabrication de nichoirs en bois local, adaptés à une multitude d’oiseaux, d’insectes ou de mammifères.
Du sol au plafond, il y en a partout, de toutes les tailles, de toutes les formes, certains avec de petits trous ronds, d’autres avec de grandes ouvertures rectangulaires. Dans un atelier situé au fond d’une impasse du bourg de Fonsorbes, aux confins du Gers et de la Haute-Garonne, la Société coopérative ouvrière de production (Scop) Symbiosphère fabrique des nichoirs pour une impressionnante diversité d’oiseaux, mais aussi des gîtes à insectes, des refuges pour amphibiens et mammifères.
Cette coopérative atypique a pris son envol en 2016, grâce à l’engagement et aux compétences complémentaires de Yann Le Portal, ingénieur en écologie, son frère Pierre, menuisier, et Leslie Faggiano, docteure en écologie. « Avec Yann, nous nous sommes connus à la fac, puis nous avons travaillé sur la réduction des produits phytosanitaires dans les cours d’eau par la lutte biologique. Symbiosphère est née du constat que la plupart des nichoirs sur le marché étaient trop petits et qu’en plus, ils venaient de Chine », raconte cette dernière.
À chaque oiseau son nichoir
Avec l’aide d’un écologue et d’un ornithologue, le trio décide donc de s’attaquer à la crise du logement en confectionnant des refuges adaptés en bois local. En somme, à chaque oiseau son nichoir, à chaque mammifère son refuge. « Le grimpereau des bois, petit passereau d’à peine dix grammes veut nicher au contact de l’écorce. Le nichoir doit donc épouser la forme du tronc. La mésange bleue a besoin d’un trou d’envol de 2,8 cm. S’il est plus grand, la mésange charbonnière pourra rentrer. Le volume du nichoir a aussi une incidence sur la nichée. S’il est trop petit, l’oiseau décidera de pondre moins. S’il est trop grand également, à cause de la déperdition de chaleur », avance Leslie Faggiano.
Rollier et huppe fasciée
Les clients de Symbiosphère sont des institutions publiques, des collectivités locales, syndicats mixtes en charge de la gestion de l’eau, des entreprises du BTP, des promoteurs immobiliers, des paysagistes ou des acteurs du monde viticole et des particuliers. Les motivations sont variées. Certains sollicitent la coopérative pour mettre en œuvre de la lutte biologique, loger les prédateurs des chenilles ou des moustiques, amener du vivant dans la ville ou les zones périurbaines, ou simplement pour le plaisir d’observer la faune s’épanouir à nouveau.
« On ne sauvera pas la biodiversité avec des boîtes en bois, mais c’est un moyen de sensibiliser à cette faune qu’on ne voit pas. »
En 2016, Voies navigables de France (VNF) fut leur premier client. Confronté à une épidémie de chancre coloré, l’établissement public doit alors couper des dizaines de milliers de platanes qui bordent le Canal du Midi, détruisant ainsi l’habitat de nombreux animaux. « Avec VNF, nous travaillons à la conservation de quatre espèces en danger à la suite de ces coupes : le rollier d’Europe dont 10% de la population se trouve sur le Canal du Midi, la chouette chevêche d’Athéna, le petit-duc et la huppe fasciée qui vient se reproduire ici », reprend Leslie. Le long de l’ouvrage tracé par Pierre-Paul Riquet, 900 nichoirs ont été posés. 80 ont été remplis par les espèces visées. « On ne sauvera pas la biodiversité avec des boîtes en bois, mais c’est un moyen de sensibiliser à cette faune qu’on ne voit pas », poursuit Leslie.
Depuis sa création, la coopérative a d’ailleurs élargi le champ de ses interventions vers la réalisation de diagnostics et la sensibilisation du grand public par des animations auprès de scolaires, des conférences et des supports de communication. Des caméras sont aussi disposées à proximité de certains nids pour montrer qui les habite.
Un quatrième larron vient même de rejoindre le trio. Sa profession ? Bioacousticien. Avec des micros et des logiciels spécialisés, ce dernier arrive à détecter les espèces les plus discrètes et mystérieuses.
Contact :
Symbiosphère, impasse des Poussins, 31470 Fonsorbes. www.symbiosphere.fr