La buse, le rapace le plus facile à observer

Buse variable, Buteo buteo, Common buzzard. © Fabrice Cahez / LPO

Souvent perchée sur des poteaux en bord de route, la buse variable est le rapace diurne le plus commun de nos campagnes. L’hiver est propice à son observation car l’oiseau chasse beaucoup, essentiellement en terrain découvert.

 

Par Stéphane Perraud

 

« En hiver, la Buse variable est un oiseau très actif. Les jours sont courts, elle passe une bonne partie de son temps à chasser. On peut l’observer en train de guetter ses proies, perchée sur un poteau électrique ou un piquet de clôture. En voiture, elle se laisse bien approcher. À pied, il faut conserver une certaine distance sinon elle s’envole », explique Camille Monnet, ornithologue passionné par les rapaces et chargé de mission au sein de la société Symbiosphère. Laquelle propose notamment des inventaires naturalistes pour des collectivités, des entreprises ou des particuliers. « On trouve ce rapace diurne dans tout l’Hexagone. La buse apprécie les paysages agricoles avec des petits bois et des champs. La nuit, elle dort perchée dans les arbres. Le jour, elle chasse à terrain découvert, en priorité des campagnols. C’est un excellent auxiliaire pour les agriculteurs. Elle lutte contre les rongeurs qui mangent leurs récoltes. »

Sa population, stable, est estimée à environ 150 000 couples en France, d’après la dernière enquête menée par la LPO et le CNRS. C’est l’un des rapaces les plus communs avec l’épervier et le faucon crécerelle, et sans conteste, le plus facile à voir. « Pendant la saison froide, les effectifs augmentent car de nombreuses buses d’Europe du Nord migrent vers notre pays, notamment la Buse pattue, dont le haut des pattes est emplumé, précise Paul Coiffard spécialiste de la migration à la LPO. Elle peut parcourir plus d’un millier de kilomètres, souvent seule, parfois en petits groupes. » Les individus qui vivent dans l’Hexagone en revanche sont sédentaires.

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Souvent buse varie

L’appellation buse variable fait directement référence à la variété de son plumage. Celui-ci peut aller du brun foncé au blanc. Toutefois, la majorité des individus présente des plumes d’un brun uni sur le dessus et barré de clair sur le dessous. Elle porte généralement un croissant blanc sur la poitrine. De forme plutôt massive, avec un cou épais et court et une tête ronde, la buse adulte mesure un peu plus de 50 cm pour 120 cm d’envergure. On la reconnaît en vol grâce à ses larges ailes, souvent en forme de V, dont les dernières plumes sont écartées comme les doigts d’une main et relevées vers le haut. Sa queue, courte, large et arrondie, est également caractéristique. Enfin, son cri est particulier, comme un long miaulement aigu tombant et puissant. On dit qu’elle piaule. Contrairement aux autres rapaces, il existe peu de différences de taille et de couleur entre le mâle et la femelle.

 

© Fabrice Cahez / LPO

Un rapace opportuniste

Longtemps persécutée à cause de ses prétendues prédations sur les volailles ou le gibier pour la chasse, la buse variable est aujourd’hui une espèce protégée, comme tous les rapaces. Il est très rare qu’elle s’attaque à un poulailler. Elle préfère de loin les rongeurs. Dans de nombreux pays, son nom fait référence à son régime alimentaire. En allemand, la traduction littérale est la « buse des souris », en espagnol « le ratier commun » et en slovaque « le souricier des montagnes ». Elle chasse en décrivant des cercles à une vingtaine de mètres du sol et plonge ensuite sur sa proie. Autre technique utilisée, la chasse au perchoir, moins énergivore.

Si vous souhaitez attirer des buses sur votre terrain, placez des poteaux de bois hauts de 3 ou 4 mètres, éloignés des bâtiments. Ils serviront aussi bien à chasser qu’à se reposer, voire à signaler la défense d’un territoire. Une buse a besoin d’environ 1 km2. Opportuniste, elle mange aussi des reptiles, des batraciens, des petits oiseaux et des insectes. On la retrouve parfois au sol en train d’attraper des vers de terre ! Enfin partisane du moindre effort, il arrive qu’elle se nourrisse de cadavres d’animaux.

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Un nid impressionnant

La période d’accouplement commence dès février. On peut alors assister à des parades en vol impressionnantes, ponctuées de cris. On dit que les buses festonnent, comme les aigles. La femelle pond deux ou trois œufs qu’elle va couver pendant un peu plus d’un mois. Le couple, qui reste très fidèle, construit au préalable un nid de grande taille, généralement dans de grands arbres ou parfois sur des falaises. Il peut atteindre 1 m de diamètre et pratiquement autant en épaisseur ! Si vous en localisez un, restez à une distance d’au moins 100 m. La buse peut facilement l’abandonner si elle estime que vous êtes trop prêt. Les oisillons restent au nid plusieurs semaines avec leur mère, nourris par le mâle, qui passe alors l’intégralité de sa journée à chasser.

Il faut 45 à 60 jours pour que les jeunes prennent leur premier envol et le double pour qu’ils quittent définitivement le nid. La moitié environ mourra dans les trois premières années. Mais une fois parvenue à l’âge adulte, une buse peut vivre jusqu’à 20 ans.

 

Clic clac !

Malgré son caractère commun, la buse ne se laisse pas facilement photographier. Prévoyez un affût, avec une toile de camouflage et un siège, ainsi qu’un bon téléobjectif, a minima un 300 mm. Observez préalablement son comportement, le lieu où elle dort, les endroits où elle se perche en journée et revenez le lendemain installer votre affût à distance respectable, idéalement en lisière de bois.

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Aller plus loin

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