Ancien musicien et photographe, Ricardo Vieira a créé une gamme de sacoches, intégralement fabriquées en France, qui fait rimer sports de nature et écologie.
Texte et photos : Axel Puig
Qu’il soit dressé sur ses pédales, ou en mode trailer sur un sentier de montagne, mieux vaut avoir une solide condition physique pour suivre la trace de Ricardo Vieira. Sourire hilare inaltérable, le quadra est un vrai dingue de sports de nature. Et c’est cette passion qui l’a poussé à créer sa petite entreprise de bagagerie pour deux-roues, autrement dit, sa fabrique de sacoches, la bien nommée Velocidade. « J’aime mélanger les disciplines, la course à pied, le vélo, m’arrêter pour grimper un bloc. Au départ, j’ai commencé à me confectionner une sacoche car je trouvais incohérent d’utiliser sa voiture pour pratiquer des sports de nature. Mais je n’imaginais pas créer une marque », raconte le Lisboète d’origine, arrivé en France en 2010.
3 431 kilomètres sans énergie fossile
L’aventure de Velocidade a débuté au cœur de la cité ariégeoise de Mirepoix en 2020. À cette époque, Ricardo est photographe, il parcourt la France au gré des mariages lorsqu’intervient le confinement. Son activité est suspendue, les cérémonies repoussées à l’année suivante. Seul dans sa maison, il réalise alors sa première sacoche, imaginée pour répondre à ses propres besoins de sportif acharné. Dans le même temps, il se lance un défi, celui, pendant un an, de ne jamais utiliser sa voiture pour ses activités de loisirs. Résultat : en douze mois, il parcourt 3 431 km à pied ou à vélo !
« Lorsque les contraintes de déplacement ont été levées, je n’ai pas eu envie de reprendre mon activité de photographe. Je prenais sans cesse l’avion, ce qui était contraire à mes convictions écologiques. Et puis, j’avais de plus en plus de mal à quitter la maison. J’avais aussi envie de passer plus de temps avec mes deux filles », poursuit Ricardo.
Sans plus attendre, le Lisboète passe à l’action. Ses contrats pour des mariages, il les confie à un ami photographe. Ses boîtiers et ses objectifs, il les vend pour acheter des machines à coudre industrielles d’occasion ainsi que la matière première : fil, textile et autres boucles. « La première machine m’a coûté 300 €, la deuxième 1 200 € et la piqueuse 350 €. Au cours des études de technicien du spectacle que j’avais faites au Portugal, j’avais appris le modélisme, le dessin et la couture », précise-t-il.
En août 2020, Ricardo a déjà dessiné trois modèles. En octobre, il débute la fabrication et le mois suivant, il crée son autoentreprise : Velocidade, le tout sans contracter le moindre emprunt bancaire. Ses sacoches sont fabriquées avec de la toile, des boucles, des élastiques français et du fil espagnol. Il les assemble lui-même, à la main, dans sa maison de Mirepoix. « Aujourd’hui, je propose dix-huit modèles, de 2 à 16 litres, pour la selle, le guidon, le cadre, la fourche ou le porte-bagage. Sur mon site Internet, grâce à un configurateur, chacun peut composer son kit en fonction de ses besoins, pour une capacité maximale de 50 litres », ajoute-t-il.
Grandes et petites aventures
Robustes, imperméables, légères, élégantes et réparables, les sacoches Velocidade séduisent surtout un public de bikepacker, les amateurs de gravel, de grandes et petites aventures, qui commandent en ligne sur le site que Ricardo a créé et gère tout seul. Depuis 2020, l’artisan sportif a réalisé 1 000 sacoches. Son entreprise se développe tranquillement, au point que les machines à coudre envahissent petit à petit tout le premier étage et même la chambre parentale de sa maison. Désormais, il en compte six, dont trois ont été récemment financées à hauteur de 80 % par le Pass métiers d’art de la région Occitanie. Trois ans après la confection de sa première sacoche, Ricardo se verse un salaire. Il envisage désormais d’investir un atelier en ville, et pourquoi pas de travailler avec d’autres personnes, « à condition qu’elles partagent le même amour du vélo et les mêmes convictions écologiques ».