Dans le Luberon, Lionel Tribollet cueille les fruits abandonnés. Il les presse pour en faire des jus pasteurisés.
C’est en faisant du vélo sur les routes du Luberon que Lionel Tribollet a imaginé son projet. « Je voyais beaucoup d’arbres dont les fruits n’étaient jamais ramassés. J’ai compris qu’il y avait un potentiel de valorisation », explique ce Toulousain marié avec Morgane, une « locale » propriétaire de quatre chambres d’hôtes. En 2016, après un congé parental, il se rapproche de l’association Fruits d’Avenir, à Digne (Alpes-de-Haute-Provence), qui le forme au pressage.
Il investit ensuite dans un broyeur, un pressoir, une unité de pasteurisation, une remorque et un véhicule d’occasion pour un total de 15 000 €. « J’ai fait avec les moyens du bord et avec l’aide d’un prêt d’honneur à taux zéro de 3 000 € accordé par Initiative Luberon (réseau associatif de financement des créateurs d’entreprises). Ici, il y a des exploitants qui ne peuvent pas valoriser leurs fruits à presser car les structures d’achat exigent de gros volumes. Il y a aussi ceux dont les fruits sont abîmés ou pas calibrés pour la vente en bouche. Ils m’appellent pour élargir leur offre et vendre leurs jus à la ferme, en magasins locaux ou sur les marchés », dit-il. Au total, une vingtaine de producteurs lui fait confiance, dans un rayon de 30 km autour de Roussillon.
Pommes, cerises, raisins…
Labellisé transformateur bio (la certification lui coûte 700 € par an), Lionel est contacté par l’agriculteur, qui a déjà ramassé les fruits, ou mobilise des bras pour le faire. Le pressage et la pasteurisation ont lieu sur place. Le prix est fixé à la bouteille, 1,55 € pour 1 l, 0,82 € pour 25 cl… 200 kg de fruits produisent environ 140 l de jus, aussitôt pasteurisé. « La valeur sûre ici, c’est la pomme. On peut presser d’août à décembre. Après, ce sont les cerises, les raisins de table, les poires, les abricots… »
Le presseur est un passeur. « Faire du jus, cela crée du lien social. J’aimerais venir sur les places de villages presser les fruits des habitants », dit-il. En attendant, il n’hésite pas à faire du troc et à glaner lui-même. « En échange du ramassage, je garde 90 % du jus et le vend sous la marque Jus Pur Lub, notamment à nos clients des chambres d’hôtes. » Sous un statut de microentreprise, son activité équivaut à un mi-temps annualisé, qu’il complète avec la gestion des chambres d’hôtes.