Fondateur du média en ligne Zevillage, Xavier de Mazenod analyse l’envie de campagne, née après les confinements successifs.
Tous les acteurs locaux, publics, privés ou associatifs devraient se pencher sérieusement sur ces « envies de campagne » et sur la tendance post-Covid de ces urbains qui passent à l’acte pour changer de vie. Même si le phénomène n’est pas encore très visible dans les statistiques. 30,9 % des nouveaux acheteurs de résidences secondaires souhaitent y vivre plusieurs jours par semaine en télétravaillant. Ce ne sont pas des « prospects qualifiés » pour des campagnes d’attractivité par hasard ? Quand même mieux que des affiches 4 x 3 dans le métro pour séduire le chaland.
« Les attirer, leur apporter ce qu’ils cherchent pour leur donner envie de rester sur le territoire »
Ce public de neo-résidents secondaires, ainsi que celui des nomades, des freelances ou des entrepreneurs de toute nature, sont des populations mobiles capables d’apporter de la richesse et de l’énergie à un territoire. Beaucoup se lancent, ce n’est pas une lubie ou une rêverie compensatoire d’urbains malheureux dans leur vie. Les attirer, leur apporter ce qu’ils cherchent pour leur donner envie de rester sur le territoire constitue un axe de développement qui a fait ses preuves. Cela signifie par exemple créer une communauté pour les relier entre eux et avec les énergies du territoire. Cela veut dire aussi mettre en place des animations et des formations de qualité pour faire monter les habitants en compétence, ouvrir des tiers-lieux pour expérimenter…
Des attaches familiales
Il est indispensable de comprendre comment font les candidats à l’exode urbain pour choisir un lieu d’installation. Nous l’avons observé lors de l’expérimentation de Zevillage pour attirer de nouveaux habitants dans la campagne ornaise : une partie des candidats au départ choisit un territoire d’installation parce qu’elle y a des attaches familiales ou amicales, qu’elle y a habité ou qu’elle y est allée en vacances.
Mais une autre partie choisit un territoire pour son environnement (mer, montagne…) ou pour son dynamisme. Ces derniers veulent en être, c’est The place to be. Les développeurs économiques, publics ou privés, doivent donc stimuler ce dynamisme de leur territoire. Et, le numérique est un bon levier pour « hacker la ruralité ». Certes, il ne va pas remplacer l’économie résidentielle, l’économie créée localement par les habitants. Mais il va permettre de créer des nouvelles richesses en permettant l’installation de nouveaux arrivés (« les accourus » comme on dit en Normandie) et de développer l’activité des habitants du territoire. Ce qu’on pourrait aussi appeler une économie régénérative.
Pour aller plus loin, consultez le dossier Ces campagnes qui accueillent à bras ouverts.