Laurence Bouchet, philosophe nomade
© Elodie Horn

En 2017, Laurence Bouchet quitte son poste d’enseignante en philosophie pour mener une vie de philosophe nomade. À bord de sa philomobile, le nom de sa camionnette jaune aménagée, elle arpente son département, le Doubs ainsi que le reste de la France, pour animer des ateliers de philosophie. Le public auquel elle s’adresse est aussi varié que des personnes incarcérées, des habitants de villages ou des élèves des quartiers chics parisiens. Habitante de Saint-Point, elle n’hésite pas à faire des centaines de kilomètres et à dormir dans sa camionnette pour assurer ces séances. Ses ateliers étant rémunérés selon les moyens, elle vit modestement de sa pratique philosophique en se dégageant un Smic. « J’ai appris à restreindre mes besoins matériels. En parallèle, mes besoins philosophiques sont comblés », sourit cette ancienne professeure de lycée qui ne se retrouvait plus dans son métier.

Le déclic en prison

Le déclic lui vient lorsqu’elle commence à réaliser ses premiers ateliers à la prison de Besançon en 2017. « J’avais des lycéens en filière économique et sociale qui ne s’intéressaient pas à la matière. À la maison d’arrêt, contrairement à mes élèves, les détenus réfléchissaient vraiment aux questions soulevées. Aujourd’hui je les en remercie, ils m’ont vraiment poussée vers la sortie », plaisante-t-elle. Lors de ses ateliers, Laurence Bouchet invite les intéressés à se regarder penser. « Un travail qui n’est pas vraiment politiquement correct », décrit la philosophe qui pense aussi son engagement comme une réponse au milieu dont elle est issue.
Car Laurence Bouchet a grandi dans le 5e arrondissement de Paris. Après avoir obtenu son diplôme de philosophie, elle est affectée à Besançon pour son premier poste. Un changement radical mais salutaire pour la jeune femme de 25 ans qui n’a alors jamais quitté la capitale. « J’y ai rencontré des gens avec des valeurs d’honnêteté et de solidarité que je n’ai trouvé nulle part ailleurs. Des valeurs que défend la philosophie. »

Elodie Horn, septembre 2019