La commune des Voivres (Vosges) est emblématique de ces villages qui refusent la fatalité. Son maire Michel Fournier a utilisé tous les ingrédients pour réussir le pari d’un développement local respectueux des êtres et du territoire : accueil, formation, insertion, valorisation des ressources mais aussi confiance et partage. C’est le coup de cœur de notre drastique sélection.
1992. Les Voivres. Village de 210 âmes situé à une demi-heure d’Épinal. Loin de tout… Il reste alors un café-hôtel-restaurant et une école menacée de fermeture. Le charismatique maire Michel Fournier refuse la fatalité. Il répertorie avec les habitants les maisons vacantes et passe des petites annonces dans L’Est Républicain pour faire venir des familles, modestes, avec des enfants, forcément. Par un montage de loyer-acquisition les nouvelles familles s’installent dans les maisons, la vie renaît. Et avec elle l’activité économique… Une entreprise d’insertion créée par la commune sert de sas vers le retour à une qualification et à un emploi : aquaculture, métiers du bâtiment, etc.
1992, C’est l’année de la création du magazine Village. Nous avons toujours suivi l’histoire incroyable de ce maire qui a eu un courage sans faille pour faire vivre son village, convaincu que quand on est loin de tout, seule la vie peut amener la vie. L’histoire lui donne raison.
« Désormais, économie présentielle et économie productive se côtoient. La vie a amené l’activité »
2019. Les Voivres, 330 habitants. Pendant vingt ans 600 personnes sont passées par l’entreprise d’insertion. Mais Michel Fournier, ne s’est pas arrêté là. Sa volonté : créer de la valeur ajoutée en valorisant le bois de hêtre en partenariat avec le pays d’Épinal. Des start-ups et leurs trentenaires sont installés dans la pépinière créée à cet effet. Ils fabriquent des yourtes, des planches de surf ou des lunettes en bois. Hors pépinière on trouve désormais une usine de machines d’emballage d’une quinzaine de salariés, une entreprise d’électricité avec cinq emplois, un Centre permanent d’initiation à l’environnement avec un lieu d’hébergement de 60 lits, une pisciculture, un café-restaurant repris grâce à une petite annonce dans Village (qui vient de passer la main pour cause de retraite), une maraîchère bio, quatre architectes, une micro brasserie en cours d’installation, un masseur, une brodeuse… Désormais, économie présentielle et économie productive se côtoient. La vie a amené l’activité et Michel Fournier n’a cessé d’innover même quand cela paraissait trop avant-gardiste pour les banques ou l’administration. Aujourd’hui, la méthode a fait ses preuves. Certes l’école a fermé au profit d’un regroupement pédagogique sur la commune voisine de la Chapelle-au-bois mais le bâtiment abrite les associations du village. Actuellement la commune et la Communauté d’agglomération d’Épinal répondent à un appel à projet avec le grand Nancy pour valoriser le bois. La coopération ville-campagne est devenue une évidence maintenant qu’il peut dialoguer d’égal à égal avec des grands qui ont besoin de campagnes vivantes. Après trente ans de mandat, Michel Fournier envisage de passer la main. Tout le challenge réside désormais dans sa relève.