Mon épargne pour que vivent les villages !

Photo de groupe devant l'auberge.
À Boffres, village ardéchois de 700 habitants, une auberge coopérative multi-services a été ouverte grâce à Villages vivants.

Depuis cinq ans, Villages vivants participe à la revitalisation des territoires ruraux en mobilisant l’épargne citoyenne pour acheter des locaux commerciaux et en accompagnant des groupes d’habitants et des collectivités. Une coopérative pas comme les autres née dans la Drôme.

Par Axel Puig

 

À Trévoux, dans l’Ain, c’est une librairie. Dans les Cévennes, sur la commune de Sainte-Croix-Vallée-française, une friperie. À Boffres, village ardéchois de 700 habitants, une auberge coopérative multi-services. Ailleurs, il y a aussi une micro-brasserie, un bar-restaurant, une recyclerie… « Depuis notre création en 2017, nous avons acquis huit locaux dans les départements de la Drôme, de la Lozère, de l’Ardèche et de l’Ain. Cette année, nous avons une dizaine d’autres acquisitions en projet », lance Pauline Prunier, responsable de la vie coopérative au sein de Villages vivants.

rurale et solidaire

Installée à Crest, aux portes du Diois, cette Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) est une foncière à la fois rurale et solidaire. « Elle est née du constat que de plus en plus de commerces et de services fermaient dans les villages, avec les conséquences que cela a sur l’attractivité et le lien social, alors que dans le même temps, des initiatives existaient un peu partout mais se retrouvaient confrontées à des difficultés d’installation ou de démarrage de l’activité. Comme l’immobilier est le blocage le plus important, nous nous sommes emparés de cette problématique », reprend Pauline Prunier.

 

« L’épargne citoyenne permet de créer un effet levier »

 

Villages vivants se fixe alors pour objectif de participer à la revitalisation des territoires ruraux, à la fois par une activité foncière et par un accompagnement de porteurs de projets, qu’ils s’agissent de groupes d’habitants ou de collectivités. « Nous accueillons tous les citoyens qui ont un projet. Nous les accompagnons pour identifier le local adapté, élaborer les études de marché. Si le prix d’achat est trop élevé, si l’enveloppe des travaux est trop conséquente, nous pouvons porter la maîtrise foncière », détaille Pauline Prunier.

C’était le cas par exemple à Boffres, en Ardèche, où la coopérative est intervenue pour acheter une ancienne auberge dont la rénovation nécessitait 800 000 € en plus des 100 000 € d’achat du bâtiment. « Peu de banques sont prêtes à financer un investissement d’un million d’euros pour créer une activité dans un village de 700 habitants. La plupart ne prennent pas en compte l’impact social, le lien créé et demandent des taux trop importants », souligne Pauline. Dans ce cas, la foncière se porte donc acquéreur. Un loyer est ensuite déterminé, adapté au projet, avec une première année blanche pour faciliter le lancement. Certains porteurs de projets peuvent, à terme, racheter leur outil de production.

L’épargnant militant

Cette politique d’acquisition, Villages vivants la met en place grâce à l’épargne solidaire. Chaque citoyen peut en effet placer son argent dans la coopérative. Il est bloqué pour sept ans et rapporte 1% par an. 100% de cette épargne sert à acheter et rénover les biens immobiliers, sur le principe du pot commun.

En quatre ans, la Scic a ainsi collecté 800 000 € auprès de 450 citoyens épargnants solidaires. Cette somme permet de créer un effet levier pour boucler des tours de table avec des investisseurs institutionnels solidaires tels que le Crédit coopératif ou la Banque des territoires. « 400 000€ d’épargne solidaire permettent de mobiliser 4,9 millions d’euros grâce à l’apport des institutionnels », précise Pauline Prunier. Le modèle ayant fait ses preuves, Villages vivants organise désormais des formations pour des départements éloignés du siège et des collectifs de citoyens qui voudraient mettre en place ces outils au service de la vie dans les campagnes.

 

Aller plus loin :

Villages vivants, 13 rue de l’Hôtel de Ville, 26400 Crest. Tél. : 09 54 03 36 31.

www.villagesvivants.com