Les insectes, les oiseaux, les mammifères, les amphibiens… toutes les espèces animales sont aujourd’hui victimes de la disparition des habitats, de pollutions diverses, de surexploitation ou du dérèglement climatique. En quarante ans, le nombre d’oiseaux des champs en Europe a régressé de 60% tandis que les effectifs d’animaux sauvages ont chuté de 70% depuis 1979. Face à cette sixième extinction qui se confirme, chacun peut agir. La révolution débute parfois dans son propre jardin, à l’échelle de son village ou d’un groupe de voisins. Enquête.
Par Axel Puig
Lorsque l’on pénètre en pays Mellois, après des heures de conduite sur des routes monotones, le contraste est visuellement saisissant. Dans ce coin des Deux-Sèvres, nous voici aux confins de deux mondes, à la frontière entre un univers fait de grandes cultures, de champs arasés dominés de temps à autres par de gigantesques silos et un autre où le bocage entre en résistance, où les haies se déploient au gré des courbes de niveau. Sur la D950 qui file sud-ouest vers Saint-Jean-d’Angély, l’impression est la même.
Passé le hameau de Charzay, la route enjambe la Berlande puis atteint un moulin aux pierres dorées. C’est ici, dans un oasis au milieu des grandes cultures, au bord de la rivière qui dessine des méandres, que Jacques Debuire s’est installé, il y a quatre ans, avec un seul objectif en tête : préserver ce coin de nature et de biodiversité. Sa propriété s’étire sur sept hectares de biotopes variés. Autour du moulin, on trouve une prairie sèche avec des orchidées sauvages ; en dessous, un bois ; et plus loin, trois hectares de zone humide où… (…)