Un boucher pour le village

Le boucher en train de découper du jambon.
Depuis plus d’un an, Anthony Boulanger fait revivre la Boucherie de la Place à Montigny-sur-Aube. Elle avait été fermée deux ans, à la suite de la retraite de son prédécesseur.

Boucher de formation, Anthony a quitté la capitale pour reprendre l’échoppe d’un petit village bourguignon. Grâce à lui, les 250 habitants de Montigny-sur-Aube ont retrouvé une boucherie, et bientôt une brasserie.

Texte et photo : Stéphane Magnoux

Mars 2020, premier confinement. Contraint de rester à la maison, Anthony Boulanger découvre un nouveau monde. Terminés les départs le mardi à 4 h du matin pour la capitale, où il a travaillé durant dix ans comme boucher salarié, et les retours le dimanche après-midi dans sa maison, près de Saint-Gobain (Aisne). Pendant ces longues semaines enfermé, le papa de cinq enfants cogite. « A force d’être absent, ils allaient finir par m’appeler monsieur ! Le Covid a été l’élément déclencheur mais, avec mon épouse Élodie, nous songions depuis un moment à changer de vie », s’exclame-t-il depuis sa boucherie de Montigny-sur-Aube, village de Côte-d’Or de 250 âmes, aux confins de l’Aube et de la Haute-Marne.

En octobre 2021, plus d’un an après le confinement, Anthony Boulanger prend un nouveau débart. Il reprend la boucherie de ce village qui attendait un repreneur depuis deux ans. « Nous avons trouvé notre bonheur sur un site de petites annonces. Je loue à la commune la boutique et la maison accolée. Nous allons bientôt en devenir propriétaire, avec un remboursement d’emprunt sur dix ans », raconte le quadragénaire qui, pour le moment, exerce en tant qu’auto-entrepreneur.

Bientôt en tournée

Pour s’installer, Anthony a acheté son matériel avec ses économies et a pu bénéficier d’une subvention de la communauté de communes du pays Châtillonnais. Il ne le cache pas : sa rémunération est inférieure à ce qu’elle était avant. « Je ne me plains pas et le chiffre d’affaires progresse. » Pour pérenniser son activité, le boucher va se diversifier. Il propose déjà des plats cuisinés préparés par Élodie. Un premier pas vers l’ouverture d’une brasserie au rez-de-chaussée de la maison. « Parfois, je n’ai qu’une vingtaine de passages par jour. Je travaille avec les habitants d’ici et des villages alentour. Ils s’arrêtent à l’heure du déjeuner ou le soir après le travail. C’est pour cela qu’on a une grande amplitude horaire. » Quatre jours sur sept, l’échoppe tire le rideau à 20 h. Malgré cela, Montigny-sur-Aube, ses 250 habitants et le passage des véhicules au cœur du village ne permet pas de dégager un chiffre d’affaires suffisant. Anthony Boulanger lancera prochainement des tournées. « L’ancien boucher m’a confié qu’il travaillait davantage en tournée qu’en boutique. J’ai trouvé le camion sur le même site de petites annonces que ma boucherie ! » En attendant de prendre la route, Anthony ne regrette pas son choix. « On a trouvé ce qu’il nous manquait à Paris : du lien social. J’ai un client de 85 ans qui est veuf. S’il ne vient pas à la boucherie ou à la boulangerie, il ne voit parfois personne de la journée. »