L’été dernier, deux réfugiés afghans se sont évadés une semaine dans une petite exploitation normande pour y découvrir les travaux de la ferme. Imaginés par l’association Batik international, ces séjours en territoires ruraux sont générateurs d’échanges et, parfois, de vocations. Reportage dans une ferme du Cotentin.
Texte : Lou Garçon – Photos : Antoine Martin
Le chevreau reste accroché à la main qui vient de le nourrir, sans mettre fin à son bruit de succion mouillée. Ehsan Kazami, exilé afghan de 27 ans, tente de s’en défaire, un biberon aux trois quarts vide serré dans sa seule main libre. La journée vient de commencer. « Vilain garçon, naughty boy ! Arrête de penser que je suis ton père et de me coller comme ça », proteste, feignant l’indifférence, l’homme aux rouflaquettes poivre et sel. À ses pieds, Blako – rottweiler à l’allure de molosse mais doux comme un agneau – somnole, allongé de tout son long.