La revanche des petites villes

Vue sur Sisteron et les bords de la Durance.
Porte de la Provence, Sisteron s’est construite sur les rives abruptes­­­ de la Durance. Depuis vingt ans, la municipalité soigne le cœur de la cité, nichée au pied de sa Citadelle. © Axel Puig

Logements insalubres, centre-ville déserté, vieillissement de la population… Longtemps, les petites villes françaises ont partagé les mêmes maux. Portées par un regain d’intérêt, des municipalités multiplient les actions pour améliorer la qualité de vie ou s’engager dans la transition écologique. Reportage à Sisteron, cité provençale à la pointe des politiques de rénovation urbaine et en Normandie où trois petites villes s’unissent pour retrouver leur attractivité.

Par Axel Puig

Depuis les rives de la Durance, les ruelles escarpées partent à l’assaut de la Citadelle. Par endroit, des maisons les enjambent, créant des passages étroits à couvert, des « abris précieux pour polissonner les jours de pluie », disait le poète Paul Arène. En Provence, on appelle ces merveilles architecturales des andrones. À Sisteron, on en compte la bagatelle de 24. Certaines ont été restaurées et permettent d’atteindre le centre-ville, la rue Droite qui se prolonge par la rue Saunerie qui elle-même débouche au bout de la clue, héritage d’une ère où les glaciers s’arrêtaient au pied de la Baume, spectaculaire montagne aux strates verticales. De sa topographie, la cité provençale a hérité d’un urbanisme complexe : des rues étroites, souvent sombres, des immeubles qui, à cause de la pente, proposent parfois un dénivelé de deux étages d’une face à l’autre. Peu adaptées aux exigences de confort actuelles, de plus en plus de maisons du centre ancien ont été petit à petit abandonnées, et les artères commerçantes désertées. En 2003, les résultats d’une étude commanditée par la mairie sont sans équivoque : à Sisteron, le bâti se dégrade et la population se paupérise.