Limousin – L’économie sociale et solidaire de proximité

Alors qu’une nouvelle loi relative à l’économie sociale et solidaire (ESS) a été adoptée le 21 juillet, les initiatives dans le domaine foisonnent en Limousin, et plus particulièrement dans le sud de la Creuse, territoire où l’ESS fonctionne en circuit court.

les initiatives dans le domaine foisonnent en Limousin, et plus particulièrement dans le sud de la Creuse, territoire où l’ESS fonctionne en circuit court.
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Lorsque le think tank « le labo de l’ESS » s’est vu commander un nouveau rapport par l’Assemblée nationale, il a souhaité se rendre sur le plateau de Millevaches. Là, l’association De Fil en Réseaux, la coopérative Ambiance Bois et la Communauté de communes Creuse Grand Sud ont imaginé une journée d’échanges, le 20 juin dernier à Aubusson, pour coordonner les initiatives, mais aussi pour que les politiques s’inspirent des expériences qui développent ici une économie inventive à échelle humaine.

Associations, mutuelles, fondations, coopératives, l’économie sociale et solidaire représente 12 % de l’emploi en Limousin, et jusqu’à 18 % sur le plateau de Millevaches !* « L’ESS est en très forte progression dans la région puisque le nombre de salariés a crû de 20 % entre 2003 et 2008. C’est le secteur de l’action sociale (aide à domicile, aide aux publics fragiles, etc.) qui est le principal employeur », signale Sylvie Chappelet, chargée de mission ESS à la Région Limousin.

Ancien fondateur de la scierie coopérative Ambiance Bois, qui fait école, et passionné par l’économie sociale et solidaire, Michel Lulek observe que depuis 25 ans, « des habitants se réunissent pour répondre à des besoins locaux, ce qui aboutit à une multitude d’initiatives culturelles et sociales, en marge. Et qui donnent lieu, ensuite, à des activités économiques ».

Un dynamisme favorisé par la politique d’accueil : « La majorité des personnes arrive ici avec un projet de vie, peu avec un projet économique », souligne Clémence Rique, de l’association De fil en réseaux, qui accueille et oriente les nouveaux arrivants. Car les initiatives du sud creusois attirent des candidats à une vie en accord avec leurs idées, soucieux de leur environnement naturel et social.

Sur place, face aux contraintes d’un territoire rural, ils innovent, se forment et s’associent aux habitants de longue date pour mettre leurs compétences au service de l’intérêt général… et en vivre, parfois !

En toute logique, ces activités fondées sur les ressources et les besoins locaux créent du lien et se développent en circuits courts, pas uniquement dans l’agriculture : logement (scic L’arban), informatique (association Ctrl-a), culture (scop Local technique, cafés culturels, ateliers et associations d’artistes…), alimentation (marché d’hiver La Bascule), traitement des déchets (bureau d’études en phyto-épuration Aquatiris, ressourcerie Court-circuit).
Bien des domaines concernés par la transition écologique des territoires, et autant de réponses locales à un désordre global.
Source : CRES Limousin.

Toutes les démarches sur les dispositifs mis en place par la région sur : http://www.icienlimousin.fr/

PARCOURS – Longue vie à Court-Circuit !

La prise de décision collective, l’égalité des salaires, la polyvalence… ça peut porter ses fruits ! Cinq ans après sa création autour de ces principes coopératifs, la ressourcerie Court-Circuit emploie 7 personnes, s’autofinance à 75 % et envisage, avec la communauté de communes Creuse Grand Sud, une future déchetterie qui intégrerait ses locaux.

la ressourcerie Court-Circuit emploie 7 personnes, s’autofinance à 75 %
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Car tout le monde y gagne : l’activité de collecte, tri et revalorisation permet d’éliminer les déchets à la source. La ressourcerie mène également une activité de sensibilisation sur nos façons de consommer.

À l’origine de ce projet, des jeunes franciliens qui avaient sympathisé lors de leurs études d’ingénieur, et qui trouvaient leurs premières années de vie active trop éloignées de l’autogestion. Parmi eux, Olivier Cagnon visite les ateliers de la Bergerette, à Beauvais, ressourcerie pionnière en France. Il y apprend qu’une partie de ses fondateurs a ouvert Le Monde allant vers, dans ce Limousin où naissent tant d’expériences inspirantes… et où il s’installe finalement avec ses amis en 2008.

Embauché au Monde allant vers pour un remplacement, Olivier découvre la ressourcerie de l’intérieur, et rêve d’en ouvrir une à Felletin. Lors d’une formation à la création d’activités, il rencontre la corrézienne Marie Meizonnier.

Ensemble, ils créent l’association Court-Circuit en 2010. Grâce à des subventions régionales de soutien à l’essaimage, Olivier et Marie bénéficient d’un poste salarié pendant 6 mois au Monde allant vers pour se consacrer à l’étude de faisabilité de leur projet et monter un comité de pilotage avec leurs futurs collaborateurs (communauté de communes, conseil général, Région, Ademe).

Ils rencontrent les élus en charge des déchets, organisent les collectes d’encombrants et construisent leurs locaux, avec des bénévoles, sur un terrain prêté puis loué par la ville de Felletin. La boutique ouverte en 2011 connaît un succès croissant, comme le bric-à-brac, hangar où l’on peut acheter, à prix modique, cuisinière ou lavabo. « On a tous un travail manuel et intellectuel », apprécie Fanny Coquelin, arrivée de Bretagne fin 2012, par l’intermédiaire du réseau Repas*. D’abord bénévole, elle est salariée depuis décembre 2013 : « chacun a enlevé quelques heures de son contrat pour m’en faire un ».

Mais « l’idée n’est pas de grossir pour grossir. On intervient sur une vingtaine de kilomètres autour de Felletin, pas plus », explique Olivier. Cela laisse de l’espace aux cinq autres ressourceries du Limousin, aux trois qui sont en projet et à celles qui suivront !

www.court-circuit-felletin.org

* Réseau d’échanges et de pratiques alternatives et solidaires, qui organise un parcours itinérant de formation à la culture coopérative.

Économie sociale et solidaire : les aides de la Région Limousin

QUELLES STRUCTURES RELÈVENT DE L’ESS ?
Toute structure, sans restriction de domaine d’activité, dont le fonctionnement est démocratique (est dirigée par ses salariés, adhérents, sociétaires, bénévoles…), au service de l’intérêt général et dont la finalité n’est pas le profit. Les associations et les coopératives (agricoles, financières, Scop, Scic…), font statutairement partie de l’ESS, comme les mutuelles et les fondations.

QUI EST CONCERNÉ PAR LES AIDES RÉGIONALES ?
Tout groupe de personnes cherchant à développer une activité économique dans l’ESS. La région soutient particulièrement les projets répondant à des besoins peu ou pas pris en charge par l’économie classique et fortement ancrés sur le territoire, même s’ils ne sont pas nécessairement sous statut associatif ou coopératif.

SUR QUEL PÉRIMÈTRE ?
Toute la région Limousin.

QUELLES MESURES ?
− Aide à la création ou à la reprise d’activité, de 5 000 à 10 000 € selon le capital de départ (jusqu’à 11000 € si l’entrepreneur a moins de 30 ans)
− Étude de faisabilité, conseil (Dispositif local d’accompagnement), accès aux aides économiques (des associations de l’ESS pourront avoir accès aux aides proposées aux entreprises)
− Recherches de financement, prêts à taux zéro (partenariat avec France Active)
− Aides à l’emploi (emplois régionaux pour les associations)

DANS QUELS DÉLAIS ?
La demande d’aide pour la création ou la reprise d’entreprise doit être envoyée dans les six mois qui suivent l’immatriculation au registre des commerces et des sociétés. Pour le reste, la demande doit être déposée avant le commencement de réalisation du projet (investissement, recrutement…).

QUELLES OPPORTUNITÉS ?
Outre les emplois innovants dans les services, l’environnement, l’énergie, l’agriculture, il ne faut pas négliger les reprises sous forme collective : commerce de proximité, artisanat… une activité créée en SARL ou EURL peut être pérennisée sous forme associative ou coopérative. Pour ceux qui hésitent à se lancer en indépendant, les coopératives d’activités et d’emploi offrent un accompagnement, une prise en charge administrative et une mise en réseau des savoir-faire et des marchés.

Pour en savoir plus : Sylvie Chappelet, chargée de mission ESS à la Région Limousin. Tél.: 0555451960.
s-chappelet(at)cr-limousin.fr

Publié par Emmanuelle Mayer