Regarder tomber les feuilles

Portrait de Sylvie Le Calvez
© Tess Bodelot

Et voilà, c’est le numéro de rentrée. Celui de l’automne. La saison durant laquelle, peut-être, notre organisme aspirerait au repos. Les jours diminuent, les virus se renforcent et, même si nous ne sommes ni des ours ni des marmottes, peut-être faudrait-il réduire notre activité.

Pourtant, c’est à cette période que les enfants et les étudiants doivent fournir le maximum d’efforts. Et que la plupart d’entre nous sommes submergés de travail. Il y a quelques décennies, l’automne était le moment où l’on préparait le bois pour se chauffer. Notre rythme était calé sur celui des cycles naturels. L’été : les foins et la moisson – en plus de la traite des vaches, par exemple. L’automne : un peu de bucheronnage. Et l’hiver : une petite accalmie, faire face aux intempéries était déjà bien suffisant.

Vivre à la campagne permet néanmoins de se rendre davantage compte du rythme des saisons, donc de ressentir davantage notre propre nature. Le retour du végétal en ville aussi. Mais cela sera-t-il suffisant pour que nous prenions conscience que nous ne faisons qu’un avec les éléments qui nous entourent et qu’à chaque fois que nous détruisons une espèce, un milieu, nous raccourcissons la vie de l’humanité ? Nous rendons-nous compte que, à l’image du cycle des saisons (que nous ne suivons pas, y compris dans notre alimentation), c’est un peu de nous-mêmes que nous détruisons ? Il faut « travailler plus » et plus longtemps, paraît-il ? Mais pour quelle cause ?

Retrouver des marges de manœuvre et de l’autonomie

De plus en plus de personnes s’interrogent et remettent en question le discours dominant, se tournant vers des métiers manuels ou créateurs de liens (épiceries solidaires, tiers-lieux, maisons de retraite intergénérationnelle, projets d’énergies renouvelables locales…). Mais cela sera-t-il suffisant pour changer de modèle ? À la rédaction de Village, nous essayons de mettre en valeur toutes ces initiatives, souvent invisibles. Merci d’être à nos côtés et de prendre le temps de contempler la beauté des feuilles mordorées, d’œuvrer à un environnement davantage préservé et à un monde plus durable et solidaire.

Car plus que « travailler plus » et « produire plus », c’est travailler autrement, retrouver des marges de manœuvre et de l’autonomie qui semblent essentiel.

Flers, le 10 août 2023