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La chouette, alliée des fermiers ornais
On craque devant ces petites chouettes effraies, blotties dans leur nichoir. Pourtant, l’homme est à l’origine du déclin de ces oiseaux nocturnes protégés : collisions avec les voitures, raréfaction de leur habitat naturel et de leurs lieux de nidification (vieux bâtiments, cavités dans les arbres, etc.).
Leur régime alimentaire peut cependant les sauver. Il est en effet composé de rongeurs contre lesquels les exploitants agricoles luttent par des appâts empoisonnés. Pourquoi ne pas faire nicher les chouettes dans les bâtiments des fermes ? C’est cette idée que Johann Launay, chargé de mission scientifique au Centre permanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE) des Collines normandes, a soumise fin 2020, aux 90 producteurs de lait AOP, de la fromagerie ornaise Gillot. « Une chouette peut consommer 5000 proies à 2 km à la ronde pendant les six mois de la période de reproduction. »
Fabriqués par un Esat proche, dotés d’une petite caméra, 36 nichoirs ont été installés au printemps 2022, chez 34 agriculteurs volontaires. L’ensemble du dispositif et son suivi scientifique, d’un montant d’environ 60000 €/an, financés à 80 % par l’Office français de la biodiversité ainsi que par la fromagerie et les agriculteurs, s’est avéré très prometteur.
Un an plus tard, Johann Launay a en effet bagué soixante chouettes qui ont élu domicile ou sont nées dans 17 nichoirs. « Un chiffre très encourageant car les petits vont ensuite en occuper d’autres. Pour constater l’impact réel de la présence des chouettes sur les populations des micromammifères au sein des exploitations, il faudra néanmoins augmenter la pression de prédation et en installer encore d’autres. »
